De 2006 à 2016, j’exerce une fonction d’aide-soignante. Je passe près de 8 ans auprès des plus démunis. J’accompagne des individus victimes de précarité (sans abri, victimes de violences, d’exclusion, usagers de drogue, en fragilités psychiques, demandeurs d’asile…)
D’autre part et à titre personnel, je pratique le dessin, la peinture et la céramique de manière académique depuis 2005. En 2015, je souhaite mieux comprendre ma pratique. Je veux d’une part prendre de la distance avec l’académisme. D’autre part, j’imagine accompagner « l’autre » non plus au travers d’une prise en charge sociale et sanitaire, mais par l’usage de médiums et de l’expression artistique qui m’apparaît salutaire. En 2016 je m’oriente vers des études d’art, j’intègre l’ENSA de Bourges. Je cherche à renforcer ma
pratique artistique et à la préciser. J’obtiens un DNA en 2019.
Depuis 2018 et parallèlement à l’enseignement reçut aux beaux-arts, j’interviens auprès de personnes handicapées en situation d’insertion par le travail. Je les accueille sur des temps d’ateliers ou je tente de partager des connaissances à la fois techniques et à la fois culturelles. Toutefois, soucieuse de remettre en question mes prestations et de me confronter à d’autres publics, en 2019 j’intègre le CEPIA (Centre d’Etude au Partenariat et à l’Intervention Artistique) de Bourges où je suis une formation d’artiste intervenant. Je tente alors de transposer des enjeux présents dans ma pratique vers d’autres publics dits « empêchés » ou « non initiés ». Je considère l’intervention artistique (présence de l’artiste auprès des autres) comme étant une de mes pratiques au sein de ma démarque.
J’ai plusieurs pratiques plastiques. J’utilise principalement le dessin, la peinture (huile, aquarelle) et la photographie ainsi que des dérivés (sténopé et cyanotype). Je choisis le médium en fonction de ce que je souhaite dire, traduire, saisir, retenir ou transmettre. Les paradoxes m’interpellent. Les oppositions sont comme deux points placés aux extrémités d’une même droite. « Entre » ces deux points, je perçois des tonalités variables. Bien que contradictoires, ils m’apparaissent davantage nuancés et en relations plutôt qu’en dissonance pure.
Au travers de ma démarche je cherche à témoigner de présences au sein d’environnements, tous deux pris dans un mouvement perpétuel. Je veux affirmer leurs relations en soulignant discrètement les intrications, les interactions, les interdépendances ou les conséquences de leurs liens. Je laisse apparaître des fragilités plus ou moins intimes ou
personnelles qui, j’imagine, s’étendent au collectif.
Je construis des images qui sont morcelées. Elles sont des mises en dialogues entre des éléments « a priori » en contradiction telle que : visible et invisibles, figuratifs et non figuratifs, réels et imaginaires, tangibles et intangibles, organique et spirituel, végétal et animal… Autant « d’entre-deux », qui forment des liens. Mes images témoignent de mon souhait d’articuler et d’unifier des éléments et des contraires. Mon travail se construit dans des temporalités qui se succèdent ou se chevauchent suivant le médium. J’explore des tensions « entre » hasard et contrôle, « entre » lâcher prise et application attentive, « entre » incisions, saisis de détails et composition. Pour ce faire, j’ai notamment recours à l’aléatoire et à l’usage de la tâche. Ils impulsent ou relancent mon travail. Puis, j’apporte des précisions et m’exerce à accentuer une vision particulière.